top of page
arizona.jpg

EXTRAIT

ORGUEIL

Taylor colla son oreille contre la porte et une fois rassurée par le silence qui régnait de l’autre côté, elle replaça son chapeau et quitta la pièce. 

Les yeux fixés au sol, elle marchait d’un pas régulier vers l’escalier. Elle risqua un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer que personne ne puisse attester de sa présence dans cet hôtel lorsqu’elle percuta de plein fouet le torse d’un individu qui la retint par les épaules. Quand elle tourna la tête, l’étoile argentée épinglée à la veste de l’homme lui renvoya son reflet.

Non seulement quelqu’un pouvait maintenant confirmer qu’elle avait foulé le sol de cet immeuble, mais cette personne n’était nulle autre que Spencer Knox, le shérif qui avait juré sur la Bible de faire régner l’ordre dans cette ville.


— Désolée, dit-elle en le repoussant doucement.


Elle évita du mieux qu’elle le put de croiser son regard.


— Ne le soyez pas, mademoiselle. C’est moi qui étais distrait.

Il fit un pas de côté et l’invita à poursuivre son chemin d’un geste de la main. Spencer était sur le point de regagner sa chambre, quand la pointe de sa botte heurta quelque chose par terre. Il pencha la tête et découvrit une pochette rose. La femme qu’il avait bousculée avait dû la laisser tomber.


— Attendez ! dit Spencer en la récupérant.


Taylor s’était figée comme une statue à deux pas de l’escalier. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Elle pourrait feindre de n’avoir rien entendu et quitter l’hôtel, mais c’était trop tard pour cela, car elle ressentait déjà la présence du shérif dans son dos. 


— Vous avez échappé ceci.


Elle se retourna lentement pour voir que l’objet qu’il lui tendait était en fait le réticule de Hope. Elle fit tout en son pouvoir pour dissimuler la panique qui venait de s’emparer d’elle et referma ses doigts autour de la pochette que Knox refusait de lâcher. Sans réfléchir, Taylor leva la tête, étonnée et contrariée par son attitude. L’homme de loi la dévisageait sans émotion. Puis, ses yeux dévièrent légèrement vers la gauche et il fronça les sourcils. Il leva sa main libre et Taylor eut un mouvement de recul au moment où elle réalisa qu’il était sur le point de la toucher.


— Que faites-vous, shérif ?


— Il y a quelque chose dans vos cheveux. Vous permettez ? dit-il en joignant le geste à la parole.

 

​Lorsqu’il lui présenta l’objet en question, elle sentit tout le sang quitter son visage. Taylor se força à sourire pour masquer son effarement et se recoiffa nerveusement pendant qu’il faisait tourner la plume entre ses doigts. 


— Merci, dit-elle en récupérant son bien pour ensuite amorcer sa descente vers le rez-de-chaussée.

— Il n’y a pas de quoi.

Une fois à l’extérieur, elle se maudit de ne pas avoir été plus prudente. Dès l’instant où il découvrirait les plumes dans la chambre numéro neuf, il saurait qu’elle avait été là.


Elle devait mettre ses sœurs à l’abri, car elles ne l’étaient plus dans cette ville.

bottom of page